Du haut de son rocher, Albert Nic se plaisait
A contempler la baie désertée par la mer
Mais, voyant de la dune un groupe qui s'avançait
Il ne sut réprimer une crainte au goût amer.
Mouettes et goélands, très vifs à reprocher,
Criaient leur désaccord de voir, chose irritable,
Piétiner le champ d'algues, de sable et de rochers
Surface de tous les jours qui leur offre la table.
N'est pas pêcheur qui veut sur l'espace découvert
Le respect de l'endroit se doit d'être une loi
Acceptée par chacun pour qu'en milieu ouvert
L'homme ne puisse entreprendre que gestes de bon aloi.
Connaître faune et flore est une voie essentielle
Pour ne pas perturber l'ordre de la nature
Car l'ignorance en soi est une chose démentielle
Qui génère le désert là où était la verdure.
D'une vague de premier flot à la langue de goémon
Laissée par la pleine mer sur le haut de la grève
Est une aire de vie où seul un vrai démon
Ne saurait respecter de la marée la trêve.
Les moules et les patelles qui garnissent la roche
Attendent de la mer en retour la fraîcheur
Mais comme le bigorneau qui sur l'algue s'accroche
EIles demeurent proies faciles pour la main du pêcheur.
Palourdes, coques et couteaux enfouis dans le sable
Sont également des prises qu'il n'est point fastidieux
De prendre à volonté pour l'être méprisable
Dont la panse se trouve être moins grosse que les yeux.
Crevettes grises et bouquets, étrilles et tourteaux
Peuplent également l'endroit où tout le monde s'affaire
Parfois même un homard prince bleu de ces eaux
Fait les frais d'un chercheur au très bon savoir-faire.
Il n'est pas tant pour nous de la citer entière
La famille de l'estran qu'il nous faut ménager
Mais bien de mettre en garde pour qu'en un cimetière
Ne soit pas transformée l'aubaine à partager.
Alors,
Si demain toi aussi tu t'en vas sur la grève
Quérir je ne sais quoi pour satisfaire ta joie,
Respecte taille et nombre et pour que nul ne crève
Remets en place la roche mais surtout à l'endroit.
Albert Nic du Rocher