Un jeune loup de la baie qui cherchait nourriture
Vit sur un banc de sable un phoque gris qui veillait
A ne pas se faire prendre les poissons de friture
Gisant à ses côtés pendant qu'il sommeillait.
« Eh ! Gros tas... fit la bête perchée sur un rocher
J'ai une faim de loup et j'te vois du surplus.
Peut-être pourrais-tu m'aider à décrocher
Cette crampe d'estomac qui ne me quitte plus ? »
« J'ai couru prés et landes et même pas un chaperon
Ni un agneau du jour à me mettre sous les crocs
Alors si tu voulais bien me garnir le chaudron
Je te revaudrai ça, un de ces quatre, sans accrocs...»
« Je suis seule sur l'endroit et ce n'est pas marrant
Dit le sac à moustaches, se dressant comme il peut
Mais je suis bien d'accord pour t'filer cinq harengs
Si tu viens jusque là me réchauffer un peu. »
« Par ma queue, dit le loup, que ne faut-il donc faire
Pour apaiser sa faim lorsqu'on est aux abois
Mais trêve de ma conscience, ce n'est pas une affaire
Et bon, ça me soulagera avant le retour au bois... »
La correction oblige à ne pas raconter
Ce qui put se passer ce jour-là sur le sable
Mais que voulez-vous qu'il soit lorsqu'on offre à monter
Et gagner en surplus de quoi se mettre à table ?
Certaines gens au pays content à qui veut l'entendre
L'histoire de cette rencontre et du loup et du phoque
Mais s'obligent malgré tout à ne jamais prétendre
Qu'ils en sont descendants pour être un peu loufoques.
Alors,
Si vous passez un jour vous aussi par la grève
Et qu'un loufoque vous croise coiffé d'un entonnoir,
C'est bien un nouveau fruit du croisement qui, sans trêve
Se complaît dans l'humour pour combattre le noir.
Albert Nic du Rocher